D'OÙ
VIENNENT LES
NOMS DE NOS VILLAGES ? Bulletin Municipal du 2ème semestre 2005 Merci à D. Varieras |
Tout le monde connaît l'origine du nom "LA COURTINE" (en Latin : cortina = rideau) qui en ancien français désignait un mur fortifié entre deux bastions.
Les diverses dénominations de nos villages et hameaux ne manquent pas non plus d intérêt. En fouillant dans plusieurs ouvrages (3) et en osant parfois une "touche personnelle", j'ai essayé ici de dénicher les origines les plus probables de ces noms parfois mystérieux, dont la consonance pourtant, nous est si familière.
Il faut faire appel à la TOPONYMIE, la "science"
des noms de lieux, (topos
: lieu , et noma : nom).
La toponymie tient compte de l'histoire locale, de la situation géographique des différents sites, et bien-sûr de leur couverture végétale, à des époques parfois très reculées.
Ces théories sont parfois construites de certitudes ,mais
aussi de probabilités.
L'essentiel est là, d'éviter toute fantaisie d'interprétation, d'essayer de se rapprocher le plus possible de la vérité et donc des racines de notre localité.
LA GASNE :
6 maisons 24 hab. en 1892. Cet hydronyme, (gâne , ganne , ...) est très courant en Limousin. C'est le nom générique des ruisseaux dérivé du latin : vadum = gué = passage où un chemin croise un ruisseau peu profond à cet endroit.
Le terme "guana " en langue d'oc limousine
signifie : mare baignant
dans une zone humide, où court un ruisseau.
LE GRATTADOUR :
(orthographié gratadour sur la carte de CASSINI (1). Puis gratadoux en 1892 : 9 maisons 34 hab. Il peut s'agir d'un lieu où le sol pauvre , superficiel, au sous-sol rocailleux, le rendait difficile à la culture, d'où le fait de "gratter" la terre.
LAVAL (2) :
5 maisons 19 hab. en 1892. Ce toponyme vient du latin : vallis d'où val en ancien
occitan signifiant vallée. Nom très présent dans notre région et même au delà.
"Val" dérivé du latin, garde au départ le genre féminin, ce explique le préfixe "la" rapporté en occitan et en vieux français.
Aujourd'hui, l'article est accolé au nom, ce qui donne une particularité à LAVAL, qui se lit à l'endroit comme à l'envers.
LA DAIGUE (2) :
15 maisons 45 hab. en 1892. Toponyme
très peu répandu.
Une
interprétation très personnelle et non vérifiée pourrait laisser croire à l'origine latine : discus = dais,
disque, plateau. L'emplacement de cet ancien village
courtinois, en bordure effectivement d'un plateau
bien visible sur le terrain, pourrait le laisser croire... mais ce n'est là, qu'une supposition. A la fin du 19ème
siècle, ce village possédait une église et un cimetière et à une époque
encore bien antérieure,
un prieuré.
[ Pour l'abbé Michon et Daigue vient de dei aquat, eau de dieu. Pour M. Beaucarnot aigue vient de "Eau", (Pierre)]
LE PETIT BREUIL :
7
maisons 33 hab. en 1892. En Gaulois ou Celte : broglio, en bas latin :
brogilum, en occitan : brolh. La forêt, très présente dans le paysage local
depuis des temps immémoriaux, a
souvent laissé son empreinte, au point d'être à l'origine de beaucoup de
noms de lieux. C'est le cas du Breuil.
A
l'époque féodale, un breuil était un taillis où le gibier pouvait se réfugier.
L'ancien
français, le désigne
comme un
bois entouré de haies, où l'on élève des animaux à chasser.
LOMBARTEIX :
14 maisons 64 hab. en 1892. Orthographié lombartaix sur
la carte de CASSINI (1). Ce lieu a emprunté le nom du premier propriétaire
des terrains où s' est construit le village. Le
suffixe "eix" suggère en Limousin une idée de propriété.
ST DENIS :
14 maisons 68 hab. en 1892 . ST
DIONIS venant de sancto Dionysio au 14ème siècle issu du latin sanctus
Dionysus. En Grec, Dionysio est le dieu de la vigne et du vin. St Denis, au 3ème
siècle, fût le 1er évêque de Paris . Selon la légende, décapité, il se
penche et récupère sa tête roulant à terre. Avant
d'être définitivement
rattaché à
LA
COURTINE,
le village fût débaptisé à la révolution, pour s'appeler "la régénérée".
LAIR :
2 maisons 12 hab.
en 1892. Puis je me risquer
à rapprocher ce nom de lieu au bas latin AERALIS, désignant l'espace entre
les bâtiments d'une ferme pour battre les céréales
? Plus tard ce terme signifie la cour de ferme, puis la ferme et son domaine.
CROS CHARPEAUD :
3
maisons 10 hab. en 1892. Cros vient du gaulois " crosa " signifiant creux, petit vallon.
Le hameau s'étant édifié dans cet endroit encaissé. Même origine que Croze, mais
à ne pas confondre avec Crocq, et ses origines en vieux français : coc, roc
= petite colline, ou pré indo européennes : kar, car = rocher. En effet, Crocq, se trouve sur une hauteur.
BESSERESSE :
4 maisons 22 hab. en 1892. Là encore, l'arbre a laissé son
nom à ce hameau, comme à bien d'autres dérivés tels que BESSE, LABESSE,
BEISSAT, etc.. Ce petit village, s'est probablement installé à l'emplacement
d' une boulaie défrichée pour la culture. L'origine vient du gaulois : betu,
beto, puis du latin classique : bettula, puis du latin populaire : bettia,
puis de l'occitan : bec.
Doté
selon les Gaulois de facultés thérapeutiques, le bouleau était un arbre très
apprécié.
[L'origine du Bouleau est confirmée par M. Beaucarnot sur Europe 1. Ecrit Bayceresse par l'abbé Michon ( Pierre)]
HUME GRAND ET PETIT :
Paradoxalement Hum Grand a 3 maisons et 19 hab. et Hum
Petit : 6 maisons et 31 hab. en 1 892, où il s'écrit HUM sans le"
E" final. Sur la carte CASSINI (1), on le trouve orthographié : HUEVIE.
Peut-être
hume vient du latin : ulmus, en occitan olme = orme.
Mais ce n'est là qu'une suggestion très personnelle !
LA VIALE :
1 maison 4 hab. en 1892. Toponyme issu
de "villa".
A l'époque gallo romaine,
une "Villae" est un ensemble de construction avec l'habitation et les bâtiment agricole
placés autour d'une cour fermée.
La villa ne désignera un village groupé qu'à partir du 6ème
siècle.
1 maison 5 hab. en 1892. Nul doute, l'arbre, le châtaignier, a laissé son nom à ce minuscule hameau Courtinois. Castaneum en latin signifie châtaigne.
REJASSE :
3 maisons 16 hab. en 1892 . Deux solutions possibles :
- Terme Limousin "réja" signifiant sillon, donc prouvant une activité agricole sur le site.
- Villa REGI : de REÇUS, riche propriétaire terrien gallo romain
Orthographié RAJASSE sur la carte de CASSINI (1).
[RAJASSE sur les actes paroissiaux à partir de 1713 (Pierre)]
LE TRUCQ :
L'origine toponymique de cette ancienne commune , aujourd'hui rattachée
à La Courtine a déjà
été évoquée lors d'un précédent bulletin.
Rappelons
que Trucq vient d'une racine pré indo européenne : tucc, tuccl, kucc, signifiant mont arrondi,
tertre. On le retrouve orthographié Truc en 1207. L'occitan TRUC = butte,
colline, sommet. Dans la région nord occitane, on retrouve parfois
des dérivés tels que : Tucque, La Truche, mais aussi Suc (le bois du Suc, dans le camp de La Courtine)
[L'origine du mont arrondi est confirmée par M. Beaucarnot sur Europe 1 (Pierre)]
LE TRUGUET :
3 maisons 16 hab . en 1892, ce village ayant les mêmes origines étymologiques que LE TRUCQ.
LE GRAND BREUIL (2) :
8 maisons et 48 hab. en 1892. (Voir Le Petit Breuil).
Dépendant
du Trucq, on découvre, que lors de
l'établissement
de la carte de CASSINI (1 ), ce village
possédait une commanderie.
LA FAGE :
2 maisons
9 habitants
en 1892, orthographié LA PAYE à cette même époque et LA FACE
DU MASSAT sur la carte de CASSINI (1). Là
encore la forêt est bien présente avec le hêtre en latin : fagus.
On
retrouve en Limousin et même au- delà des dérivés
tels que fayolle , faux , etc... Les forestiers emploient couramment le terme fayard ou foyard, d'une consonance plus
distincte que "hêtre", lors des
appels, au cours des opérations de martelages.
Pour
les villages de (SOUDEIX, ECHORON, LE
PLAFAIT)
(2), les origines sont trop obscures pour avancer même une simple hypothèse.
FONTS GALLAND (2) :
1 maison 7 hab. en 1892. le
terme occitan FONT vient du latin fontem et de fons, fontis. Il est assez
courant en Limousin et signifie source ancienne. C'est
plus tard qu'il donnera le mot fontaine. Quant à "galland", aucune idée de l'origine, mais je laisse
aux plus romantiques d'entre vous, le soin d'imaginer
quelques scènes
bucoliques aux alentours de ces sources d'eau fraîche !....
D. VARIERAS
(1) : Carte de Cassini :Vers 1750 , César François CASSINI de THURY entreprend la réalisation d' une carte du royaume, et ce sera celle de la république lorsqu'elle sera achevée après la révolution, par son fils Jacques Dominique. Le tracé, est effectué par des officiers, car elle est établie à des fins militaires. Sur le secteur de La Courtine, la limite des départements n'est pas mentionnée. On peut en déduire, que cette cartographie est antérieure à la révolution, soit plus de 200 ans.
(2) : Villages aujourd'hui disparus , suite à la création du camp militaire au début du 20ème siècle.
(3)
Noms de lieux du Limousin : Marcel Villoutreix.
Origine
des noms de villes et villages : Jean Marie Cassagne et Mariola Korsak.
Toponymie
Nord occitane : Bénédicte et Jean Jacques Fénié.